Danger sur le fonds en Euros

Le fonds en euros d’une compagnie d’assurance-vie est un fonds directement géré par l’assureur pour le compte de ses assurés.

Il peut être proposé :

  • dans le cadre d’un contrat d’assurance vie ou de capitalisation ;
  • comme support unique sur des contrats monosupports ;
  • en complément d’unités de compte (Sicav, FCP…) sur des contrats multisupports.

Obéissant à des règles particulièrement strictes, les fonds en euros sont composés d’investissements obligataires, le plus souvent des obligations d’Etat permettant d’apporter une certaine sécurité, auxquels viennent s’ajouter d’autres produits financiers, tels que des supports en actions, ou encore des OPCVM, donnant, quant à eux, l’opportunité de dynamiser le placement.

Bénéficiant de l’effet de cliquet, garantissant que les montants acquis le sont définitivement, les fonds en euros offrent une sécurité maximale à l’investisseur, qui se voit, dans ce cas-là, assuré de ne pas perdre son capital. Les fonds en euros offrent donc une rémunération moyenne en contrepartie d’une sécurité maximale.

Investir en fonds en euros est-ce totalement sûr ?

Non, deux nouvelles problématiques sont nées de la crise de la dette souveraine :

  • un risque de faillite des émetteurs, lié à la composition même des fonds en euros, principalement investis en emprunts d’Etats.
  • un risque d’illiquidité : il n’est plus à exclure désormais que les compagnies pourraient, afin de ne pas déstabiliser la gestion des titres présents dans l’actif général en cas de faillite de certains émetteurs, de bloquer les fonds investis au travers des fonds en euros.

 

Rappelons que parmi les principaux changements apportés par la Loi Sapin 2 sur l’assurance-vie en 2017, on distingue l’article donnant au HCSF (Haut conseil de stabilité financière) le pouvoir de bloquer certaines opérations sous conditions, pour une durée de trois mois renouvelable. En effet, si l’assurance-vie est tant appréciée, c’est en partie en raison de sa disponibilité. Jusqu’alors, malgré une fiscalité moins attractive en cas de retrait dans les 8 premières années après la souscription d’une assurance-vie, l’argent pouvait être retiré à n’importe quel moment.

Avec la Loi Sapin 2, certaines opérations peuvent à présent être bloquées par le Haut conseil de stabilité financière. Le texte prévoit plus précisément que le HCSF « décide des mesures prévues au présent 5° ter pour une période maximale de trois mois, qui peut être renouvelée si les conditions ayant justifié la mise en place de ces mesures n’ont pas disparu, après consultation du comité consultatif de la législation et de la réglementation financières ». Ces mesures ne peuvent toutefois pas être maintenues plus de six mois consécutifs.

Cette initiative vise plusieurs opérations : les versements, les arbitrages, les avances mais aussi les rachats, et permet au HSCF de procéder à des opérations de rétention d’argent après consultation du gouverneur de la Banque de France et avis du collège de supervision de cette autorité. Ces mesures doivent permettre d’empêcher les mouvements de capitaux qui pourraient représenter une menace caractérisée pour la situation financière des personnes titulaires du contrat d’assurance-vie.

Pourquoi nous vous conseillons d’éviter les fonds en euros ?

Depuis deux décennies, la rémunération de l’assurance-vie en euros a diminué chaque année, en dehors d’une légère hausse en 2000 et d’une stabilité en 2007.

Cette baisse de rendement est intimement liée au fonctionnement même du fonds en euros, un panier composé principalement d’anciens placements en obligations (titres de dettes émis par des Etats, des collectivités ou des entreprises) qui arrivent chaque année à échéance. Le taux servi dans l’année est donc davantage la résultante des investissements réalisés par les assureurs au cours des années précédentes, sept à huit ans en moyenne selon les compagnies, que ceux de l’année en cours.

Problème, le rendement des fonds en euros est le corollaire de celui des obligations, sachant que la période récente est marquée par une glissade des taux des emprunts d’Etat: le taux moyen de l’OAT à 10 ans (indicateur de référence de la dette de la France) a chuté sur les dernières années, tombant de 3,32% en moyenne en 2011 à 0.67% au 1er septembre 2017, jusqu’à toucher un plus bas historique de 0,35% le 16 avril 2015. Tout porte donc à croire que la baisse de rendement des fonds en euros va se poursuivre pendant de longues années.

Quelles sont les prévisions de tels fonds et que conseillons-nous ?

D’ici 2019, on anticipe une diminution de l’ordre de 15 à 20 centimes par an pour les prochaines années soit un rendement de 2,05% en 2016 puis une fourchette de 1,75% à 1,95% en 2017, entre 1,65% et 1,75% en 2018 puis seulement 1,55% à 1,65% à l’horizon 2019.

Suite à cette chute inexorable des rendements de ces fonds dits « garantis », nous vous conseillons de vous positionner sur des contrats offrant de meilleurs rendements et vous permettant d’accéder à des supports adaptés à votre profil de risque.

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas exclure de nos allocations le support en euros car il reste adapté dans le cas d’une gestion de trésorerie à court terme ou à une catégorie d’investisseurs âgés ou averses à toute prise de risque.